Communiqué de presse du 19/09/2011 :
Naissances exceptionnelles de fossas
à la Réserve Zoologique de Calviac (Dordogne)
Le fossa, étrange carnivore de Madagascar, est le plus grand prédateur de l’île. Sa population, estimée à seulement 2000 individus à l’état sauvage, le place parmi les animaux les plus menacés. Dans le but de préserver l’espèce, un programme d’élevage européen a été initié sous l’égide de l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums). Or, la reproduction de cet animal s’avère particulièrement délicate. En 2011, la Réserve Zoologique de Calviac, située en Dordogne, est l’unique institution européenne à enregistrer des naissances (un mâle et une femelle). A travers le monde, seuls deux autres zoos nord-américains (Houston et Naples-Floride) ont rencontré pareil succès.
Une mise en contact périlleuse
Solitaires de nature, mâle et femelle fossas ne se rencontrent que pour la reproduction, une brève période qui ne dure que quatorze jours par an. A la Réserve de Calviac, Monsieur Fossa et Lanto, la femelle, sont hébergés dans des enclos forestiers, séparés mais contigus. C’est dans leur cabane de nuit, construite sur pilotis à quelque cinq mètres de hauteur, qu’il est possible de les faire se rencontrer. A force d’observations, on parvient à déceler les chaleurs de la femelle. Toutefois, une mise en contact trop brutale, sans progressivité, pourrait provoquer un affrontement violent pouvant conduire à la mort d’un des deux individus. Pour favoriser un rapprochement progressif, on ouvre une trappe au mâle qui va le conduire à la loge de la femelle, en l’absence de cette dernière ; elle aura néanmoins laissé de nombreuses odeurs sur les branches. Inversement, on laisse ensuite entrer la femelle chez le mâle, seule toujours... Lorsque l’excitation atteint son paroxysme, on peut alors envisager, non sans appréhension, la rencontre amoureuse.
Accouplement violent
Monsieur Fossa se jette violemment sur Lanto, plus petite que lui. S’ensuit un long accouplement de plusieurs heures durant lequel il ne cessera d’émettre de petits cris plaintifs et aigus tout en lui mordant la nuque. C’est cependant la femelle qui décide, avec violence aussi, de mettre un terme à l’accouplement. L’épisode est réitéré plusieurs fois.
La mise bas, calme et discrétion
Afin de préparer la mise bas, on crée une tanière à l’aide de bottes de paille. C’est dans cette semi-pénombre que la femelle se sentira en sécurité. De fait, 51 jours après le premier accouplement, Mylène Sannier, chef-animalier à la Réserve, entend des cris de nouveau-nés. Le fossa étant un animal très sensible à tout dérangement, décision est immédiatement prise d’empêcher toute approche du public (l’installation a été conçue en intégrant ce paramètre) et de limiter l’intervention du personnel au strict minimum. Il a fallu ensuite attendre un mois entier avant de pouvoir enfin apercevoir les petits fossas, au nombre de deux.
Les jeunes fossas
A presque trois mois, les jeunes fossas grimpent désormais avec agilité sur des branches à plus de quatre mètres de hauteur. Ils seront sevrés à six mois mais resteront avec leur mère jusqu’à l’âge d’un an et demi, après quoi ils mèneront la vie solitaire de leurs parents.
Dans le cadre du programme d’élevage européen, coordonné par le Zoo de Duisbourg en Allemagne, ils rejoindront alors une autre institution afin, à leur tour, de procréer. Ces programmes, destinés à préserver la diversité génétique des populations captives de fossas, constituent une mesure de conservation complémentaire à celle de l’espèce en milieu naturel. L’Institut Calviac Biodiversité, organisme à but non lucratif gérant la Réserve, agit en effet en partenariat avec le Zoo de Duisbourg et d’autres parcs européens à la préservation du fossa dans son milieu naturel via des études de terrain ou la création d’outils pédagogiques pour les écoles malgaches.
La Réserve de Calviac
Depuis sa création en août 2008, la Réserve Zoologique de Calviac propose à ses visiteurs une approche résolument différente des parcs zoologiques et un regard neuf sur la nature et les enjeux d’une biodiversité de plus en plus menacée. Son action au service de la protection et de la connaissance des espèces menacées a même obtenu le label du Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Au fil de ces trois années, elle est parvenue progressivement à séduire de plus en plus de visiteurs, bien souvent conquis par le projet de son fondateur, Emmanuel Mouton, comme en témoigne le livre d’or, laissé à l’attention de tous à l’entrée de la Réserve.